En découvrant ces enceintes compactes encadrant un écran mural gigantesque dans notre Salle Essentiel, vous pourriez penser : n’est-ce pas un peu disproportionné ? Enceintes minimalistes vs écran hypertrophié ? Mais mettez l’intro de la bande originale française de The Dark Knight, et vous serez propulsés au fond du canapé, laissés estomaqués par une énergie digne de concerts en tout genre. Cela devrait suffire à corriger cet a priori si prévisible !
Le thème musical sombre et inquiétant de Hans Zimmer révèle les dimensions trompeuses et improbables de ces « petites enceintes » : peu encombrantes, elles peuvent couvrir un large superficie en déployant un son intense et impactant, mieux que dans les salles de cinéma ! Or, c’est le plus petit modèle du fabriquant allemand…
JUBILÉ IO : PETITES MAIS PUISSANTES
Le fabriquant allemand Backes&Müller n’est curieusement pas encore bien connu en France alors que la marque œuvre et surtout innove depuis plus de 50 ans. En effet, avec une approche à la fois radicale et raffinée du son, l’une de leurs technologies emblématiques concerne le grave asservi. Concrètement, un capteur mesure en temps réel les mouvements du haut-parleur chargé des basses fréquences. L’information est immédiatement transmise à l’électronique qui ajuste la réponse en conséquence, pour un grave ultra maîtrisé, rapide et sans débordement – même à fort volume ou dans des pièces difficiles.
Les Jubilé IO intègrent ce savoir-faire dans un format compact, mais redoutablement performant. Leur design frontal en pavillon a été pensé pour projeter le son sous forme d’ondes cohérentes, qui se diffusent largement sans perte d’énergie. Résultat : une scène sonore ample, précise, peu dépendante de l’acoustique de la pièce. Et pour aller encore plus loin, chaque enceinte permet une calibration fine grâce à un égaliseur 6 bandes intégré (fréquence, largeur de bande, pente réglables) : on peut ainsi adapter le rendu à ses goûts ou à son environnement.
LES RENDUS SUR ÉCOUTE
Avec les Jubilé IO, pas besoin d’un caisson de graves ! L’écoute de Black Dog de Gazelle Twin ou de The Dark Night le prouvent : les harmoniques sont contrôlées et la nervosité refuse toute paresse pour vous garantir un maximum de frissons !
Autorité et vigueur jaillissent de ce système, ingrédients indispensables au respect du recueil d’Elizabeth Bernholz (Gazelle Twin) particulièrement éprouvant pour l’esprit et pour les systèmes de reproduction HiFi ; et si on sait que son chant incantatoire peut vibrer de plus d’humanité, le système Backes & Müller Ice 525 / IO exalte pleinement le puissant et envoutant engagement artistique d’une créatrice hors norme par la description en profondeur, sans concession, de toutes les subtilités de sa performance : murmures, percussions, timbres, souffles, voix…
Peu importe ce que vous écoutez et la complexité du morceau que vous écoutez (une voix ou tout un orchestre), la restitution de la Jubilé IO est grandeur nature, sans une once d’agressivité, parfaitement adaptée à votre pièce, quelle qu’elle soit, un réalisme rare compte tenu de leur taille ! Néanmoins, il faut bien noter que si vous les écoutez à volume bas, la densité faiblit partiellement, avec l’impression d’être positionné plus loin dans le public et non dans les premiers rangs. Pour autant, la dynamique (particulièrement impressionnante quand on se laisse aller sur la télécommande) reste libre et homogène, de même que l’équilibre tonal et le corps.
ADAPTÉES À TOUS LES GOÛTS... OU PRESQUE
Ce système reproduit très fidèlement les enregistrements et transcende les artifices mais justement, se pose désormais la question : que se passe-y-il avec des musiques moins détaillées ?
L’impétueux violon de Julia Fischer, accompagnée par Milena Chernyavska dans la Habanera de la Danzas españolas Op. 21 de Sarasate fait apparaître une réverbération un peu colorée de la captation cependant qu’on perçoit comme rarement les dimensions, bien sûr des instruments, mais aussi de la August Everding Saal, certainement pas un petit auditorium. On craignait piéger l’enceinte avec ce type de musique, mais non !
En revanche, La transparence générale sur tout le spectre de la Jubilé IO ne fera pas de cadeau par exemple à Selena Gomez : the Heart Wants What it Wants. L’artiste pop n’y est pour rien, mais la production sans relief n’est pas artificiellement dopée par les B&M. Par contre, elles révèlent avec emphase l’intensité foudroyante de l’enchaînement entre la balade sensuelle Bells in Santa Fe et l’éclatant Easier than Lying d’une chanteuse de la même génération : Halsey. Les deux pistes fortement contrastées prennent aux tripes ! D’autant que cadence, balancement et swing, un peu « carrés », soit, sont quand même au-dessus de la moyenne Hifi qui coûte plus cher.
LES PAROLES D'ALAIN...
« L’affirmation combattive des IO est sauvagement jouissive et j’avoue même avoir découvert des effets sonores sur les nappes ou les guitares jamais entendus sans que ce soit indûment controuvé par la moindre brillance ou surexposition. » (Alain)